
Le harcèlement scolaire, on en entend parler tous les jours, à la télé, dans les médias, sur les réseaux sociaux… Comment s’en protéger ? Peut-on faire une prévention efficace ? Et que faire quand nos enfants y sont confrontés ?
Harcèlement scolaire : de quoi s’agit-il ?
Le harcèlement scolaire, c’est de la maltraitance, aujourd’hui définie comme maladie sociale : « Un comportement intentionnel et violent se produisant de manière répétée à l’encontre des victimes. »
Voici quelques chiffres de référence au niveau scolaire :
- 26 % des élèves en sont victimes.
- 36% sont confrontés à la violence (témoin de harcèlement).
- 40% des victimes disent ne pas être soutenues par l’enseignant.
- 15% des enseignants disent ne pas être formés, ni soutenus par leur hiérarchie lors de signalement.
Le harcèlement commence la plupart du temps par une mise à l’écart, un rejet ou une exclusion.
Il évolue ensuite très rapidement par un effet de groupe : de quelles manières ?
Un pincement sous la table, vol de trousse, coup de poing lors des cours de gym, lancer de fausses rumeurs,
déshabillage forcé dans les vestiaires, surnom humiliant, racket, vol de goûter, insultes, crachats,
moquerie d’un enfant efféminé ou à l’inverse une fille masculine, bagarre collective, bousculades, jets
d’objet, baiser forcé, incitation dangereuse « cap ou pas cap », photo humiliante, textos …
Les pratiques sont très variées, et elles ont un point commun : faire du mal à la personne de façon répétée sans qu’il y ait de lien de cause à effet.
Où peut avoir lieu le harcèlement scolaire ?
On constate énormément de harcèlement lors des transports scolaires, et dans les vestiaires.
Le harcèlement s’étend aux abords de l’école, en recréation, dans les couloirs, les toilettes et en classe.
Pour ceux qui ont des smartphones (c’est courant également en école primaire), le harcèlement peut se poursuivre sur les réseaux sociaux…
Que ressent un enfant harcelé ?
Un enfant qui subit du harcèlement scolaire ressent généralement un profond sentiment de honte. Il se sent bafoué, ridiculisé, terrorisé, chosifié et vit dans la peur du lendemain.
Que faire pour éviter le harcèlement scolaire ?
Ouvrir la parole
A notre échelle, chacun de nous peut rompre les tabous, les silences, briser la peur, l’effet de groupe.
Être témoin c’est aussi être victime de traumatisme : on n’ose rien dire/ne rien faire de peur de réprimandes. L’enfant témoin se demande : « Si je parle va-t-on moi aussi me mettre à l’écart ? »
En libérant la parole autour du harcèlement scolaire, nos enfants sauront que ce qu’ils vivent n’est pas normal, que ce qu’ils voient mérite d’être signalé. C’est déjà un premier pas !
Informer et inculquer le « droit humain »
Parler du harcèlement ne peut se faire sans parler du cyberharcèlement. Sur internet, le comportement change, et certains masques tombent…
La numérisation accentue, les réseaux sociaux dématérialisent la victime, il devient un personnage de
jeux. Le harceleur se sent « toute puissance » protégé par l’anonymat, caché derrière son smartphone.
Les filles deviennent plus harcelées que les garçons à cause du cyberharcèlement.
Les poings ne tapent plus que sur des visages ; ils tapent aussi sur des claviers. On soutien d’un seul clic
le mépris.
Le risque de suicide de l’enfant harcelé
Le harcèlement sur les réseaux sociaux multiplie par 3 les risques suicidaires des victimes.
Selon les chiffres répertoriés :
- 460 ados en France se donnent la mort annuellement.
- 40 000 adolescents tenteront de se suicider cette année.
Et quant à la durée du harcèlement :
- 49% dure 1 an en moyenne.
- 48% des victimes n’en parleront pas.
Comment peut évoluer un enfant harcelé qui n’a pas de soutien ni suivi psychologique ?
Pendant l’année suivant le harcèlement, on observe différents signes alarmants comme une grave dépression, de l’automutilation, ou un risque suicidaire ou des comportements agressifs, surtout en cas de cyberviolence où l’envie de se venger peut inverser les rôles.
Les signes visibles sur 3 à 5 ans sont la dépression, une perte de l’estime de soi, l’échec scolaire.
Jeune adulte et plus : l’agression s’inscrit dans nos mémoires, il peut en résulter un trouble de stress post traumatique.
Sans suivi particulier ou sans soutien, le harcèlement scolaire implique donc une évolution désastreuse sur la santé physique, mentale des jeunes victimes et leur scolarité.
Et qu’en est-il des harceleurs ?
Que savons-nous sur le devenir des harceleurs s’ils ne sont pas suivis psychologiquement ? Pour eux aussi, le soutien est de mise !
Une grande partie des intimidateurs jeunes deviennent des conjoints et parents violents. Ils peuvent développer des comportements addictifs : alcool, drogues.
Ils se trouvent des excuses à leurs actes. Ils ont des difficultés à nouer des relations sociales, affectives.
Pour les harceleurs, un soutien psychologique est également indispensable !
Comment apporter le soutien nécessaire ?
Pour soutenir votre enfant, soyez avant tout à l’écoute. Et apprenez à reconnaître les signes d’une situation qui préoccupe l’enfant… Ces signes peuvent être nombreux :
- Anxiété, déprime, abattement, perte de motivation
- Repli sur soi, s’enferme dans sa chambre, mutisme inhabituel, insomnies
- Crise de larmes, tristesse, irritabilité, réactions agressives
- Perte d’appétit, nausées, refus de cantine
- Passage fréquent à l’infirmerie, arrêt du sport
- Chute des résultats scolaires, peur panique d’aller en cours, absentéisme, retards
- Bleu au corps, bosses, automutilation
Une fois les parents alertés : il faudra prévenir l’établissement le plus vite possible, et chercher ensemble une solution à court terme pour protéger l’enfant agressé. Ensuite, petit à petit, on pourra réfléchir à la meilleure solution pour la poursuite de l’année scolaire (déscolarisation, changement d’établissement…)
En parallèle et dès que l’on se trouve dans une situation de harcèlement, il est important de chercher du soutien : les victimes comme les parents auront besoin d’une aide psychologique. Outre la consultation d’un psychologue, une aide précieuse peut être apportée par votre psychopraticienne certifiée en troubles post-traumatiques du Cabinet l’Hellébore.
Elodie BENMAHDI, Psychopraticienne certifiée en troubles post-traumatiques, Blois, cabinet l’Hellébore.